Descente des gorges du Haut Rhône en kayak de mer – 24 mars 2019
En cette magnifique journée chaude et ensoleillée de dimanche 24 mars 2019, les club de Lyon (CKLOM) et de Chambéry (CLBCK) ont fait une descente commune du Haut Rhône de Pougny à Génissiat. Cet itinéraire de 25 km emprunte des gorges du Haut Rhône, notamment le défilé de l’Écluse.
Nous embarquons à Pougny, à proximité de la gare ferroviaire, sur une gravière juste en aval du seuil de Pougny, 2 km sous le barrage de Chancy Pougny. Sous le soleil et par des températures printanières (15°C, sans vent ni nuage) nous embarquons dans un petit bassin dominé par un contre courant. Nous sommes au total 15 kayakistes, tous en K1.
Nous descendons tranquillement à une vitesse moyenne en mouvement de 5,8 km/h par un débit relativement faible de 125 m3/s et une côte de 2 m (d’après les relevés de la station de Pougny). Nous avions surveillé les débits toute la semaine et nous nous attendions à avoir 450 m3/s comme les jours précédents, finalement ce dimanche la CNR (Compagnie Nationale du Rhône, concessionnaire du Rhône pour la production d’hydroélectricité) a décidé de stopper le flux du Rhône entre les barrages de Pougny et Génissiat (journée de repos pour le Rhône aussi ?! lol). Nous allons mettre un peu plus de temps que prévu pour finir le parcours (4h15 de navigation nette, + 2h de pauses diverses), pour notre plus grand plaisir.
Nous débutons par 2 petits rapides, exploitons habilement la veine d’eau principale, ce seront là les 2 seules « difficultés » du parcours. Le cours du Rhône sera très calme car dans la retenue d’eau de 23 km du barrage de Génissiat.
Juste après le début de la descente nous léchons les marais de l’Éternel à Pougny qui font parti d’une zone naturelle protégée Natura 2000 qui englobe le lit du Rhône jusqu’au défilé de l’Écluse. Nous prenons à droite des 2 îles principales au milieu du fleuve et découvrons un paysage sauvage. Le fleuve s’élargit ici et le débit diminue drastiquement. On se croit alors sur un lac.
Nous entrons alors dans le défilé protégé par l’imposant Fort l’Écluse à Léaz, cet ancien ouvrage militaire construit par Vauban était chargé de contrôler la navigation sur le Rhône. Au niveau géologique, nous avons un bras du glacier suisse du Rhône qui a pénétré jusqu’au défilé de l’Écluse. Les dépôts glaciaires attestent de cette activité durant la seconde grande glaciation de Würm du Pléistocène (jusqu’à -12 000 ans) dans les Alpes. Le cours du Rhône est assez récent à l’échelle géologique et suit les plis (vallées synclinales) de la monté du massif Alpin sous l’effet de la tectonique des plaques. Le Rhône actuel n’a fait que déblayer la cluse des alluvions et des dépôts morainiques (amas de débris rocheux érodé et transporté par le glacier) qui devaient la combler, puis s’est creusé progressivement son lit actuel postglaciaire autour du rocher jurassique (- 150 millions d’années) de Léa vers Bellegarde. On trouve des roches calcaires durs de l’Urgonien qui sont exploités dans les carrières de Seyssel, beaucoup utilisé pour construire des bâtiments dans la région lyonnaise. (Source : Douxami Henri. La vallée moyenne du Rhône à travers le Jura méridional. In: Annales de Géographie, t. 11, n°60, 1902. pp.407-418;)
A l’issue du défilé, nous nous arrêtons au lieu dit « Le Moulin » dans la commune de Clarafond-Arcine dans un espace pique nique aménagé qui fait parti de la boucle pédestre « Du Nant en Rhône ». Tout le monde a faim, on fait un festin et une petite sieste.
On reprend la navigation et nous découvrons les Tines de Parnant avec ses gorges impressionnantes et sa chute bruyante. Nous arrivons à tous rentrer dans les Tines avec nos 15 bateaux.
On arrive enfin à Bellegarde-sur-Valserine… heu non, sur Valserhône. En effet, les communes de Bellegarde-sur-Valserine, Châtillon-en-Michaille et Lancrans forment depuis le 1er janvier 2019 la commune nouvelle de Valserhône !
Bellegarde-sur-Valserine a été la première ville électrifiée de France. Nous entrons sur la Valserine dans une gorge étroite, jusqu’à l’ancienne centrale hydroélectrique construite par Louis Dumont. La Valserine possède le titre de première rivière sauvage de France ! Nous finissons empêchés de poursuivre par le fort courant de la Valserine. Elle se jette dans le Rhône peu après les célèbres « Pertes de la Valserine » qui resurgissent peu avant l’ancienne centrale au doux nom officiel « Centrale hydraulique de la Jonction de Valserine ». Pour en savoir plus : Varaschin Denis, « Centrales hydrauliques du Haut-Rhône français : de quelques savoir-faire suisses en France(des années 1870 à 1946) », Annales historiques de l’électricité, 2003/1 (N° 1), p. 17-35. DOI : 10.3917/ahe.001.0017.
Au même endroit, se situaient les « Pertes du Rhône » où le Rhône, par faible débit, s’infiltrait dans des gorges sous son lit. La création du barrage de Génissiat et de la retenue d’eau qui en découle a mis fin au phénomène.
Nous terminons enfin à la rampe de débarquement du barrage de Génissiat. Nous sommes sur la rive droite, à l’ombre du soir. L’air se rafraîchit franchement et nous nous changeons, étirons et goûtons pendant la navette.
Cette sortie était organisée par Guy (CLBCK) et Hugo (CKLOM).
Et maintenant un petit cours sur la géographie du Rhône, le Rhône est découpé en plusieurs portions qui ont leur unité géographique selon leurs caractéristiques géologique et climatique (Source : Le Rhône en 100 questions de ZABR) :
- Le « Rhône alpestre », de sa source résultant de la fonte du Glacier de la Furka qui s’écoule dans la vallée de Conches jusqu’au lac Léman, ce torrent parcours 165 km.
- Le Lac Léman sur 75 km dont il est le principal affluent et le déversoir.
- Le « Haut Rhône » du lac Léman à la confluence avec la Saône parcours 210 km.
- Le « Rhône moyen » de la confluence avec la Saône jusqu’à l’Isère (en amont de Valence) sur 100 kilomètres.
- Le « Rhône inférieur » de l’Isère à la séparation en deux bras du Rhône (en amont d’Arles) sur 170 kilomètres.
- Le « delta du Rhône », avec ses deux bras : le « Petit Rhône » (53 km) (à l’Ouest) et le « Grand Rhône » (62 km) (à l’Est) qui encadrent la Camargue.