Descente du canal de Miribel et du Rhône (6 avril 2019)
Pour cette troisième journée de formation des encadrants loisirs, une sortie de mise en situation a été organisée sur le canal de Miribel le samedi 6 avril 2019.
Dans le cadre de cette formation avec le mono Benjamin, par duos, les organisateurs doivent organiser une sortie de bout en bout, notamment :
- proposer une idée de sortie et un itinéraire précis
- préparer les cartes, identifier les obstacles (seuils, barrages…)
- analyser l’environnement et vérifier les débits, côtes, crues et météo jusqu’au dernier moment
- vérifier la réglementation applicable (loi sur l’eau, règlement de police fluvial, arrêtés préfectoraux et municipaux…)
- organiser la logistique (réservation véhicules et remorques), la communication auprès des participants et les inscriptions
- réaliser les repérages nécessaires sur site, notamment les lieux d’embarquement, de débarquement et de pique-nique
L’encadrement sur l’eau – autre fonction essentiel durant une sortie ou une séance d’entrainement – quant à lui exige de gérer :
- la sécurité sur l’eau
- mettre au point des signaux de communication visuels et sonores connus de tous
- définir les règles de navigation (côté de rivière, s’attendre aux caps/seuils/rapides, rester à vue, ne pas dépasser la personne de tête, définir un serre-fil…)
Hugo et Olivier ont organisé la descente en kayak de mer du canal de Miribel de Thil à la Feyssine, suivi du Rhône jusqu’à la base nautique Lyon-CNR de CKLOM. Ce parcours facile de 22.5 km a été réalisé en kayak de mer. Divers passages délicats ont été gérés : le seuil de Neyron (vagues des petits chevaux) et le seuil de Saint Clair à la Feyssine (Hawaii-sur-Rhône).
Le niveau d’eau était assez bas et le seuil de Neyron était à découvert rendant son passage assez délicat : beaucoup ont porté et un dessalage sans gravité est à déplorer.
Les relevés pris sur le « Serveur de données hydrométriques en temps réel » pour la station de mesure de la CNR de Villeurbanne donnent des chiffres compatible avec une navigation loisirs : débit raisonnable de 600 m3/s et une côte suffisante de : 3,19 m.
La météo donnée par Météo France était incertaine : températures fraîches (4-15°C), nuageux l’après-midi avec un risque de pluie, du vent l’après-midi à 20 km/h avec des rafales à 45 km/h. Les prévisions se sont révélées fiables car on a bien eu un vent du Sud et un peu de pluie sur la fin du parcours.
Notre lieu de pratique est le Rhône amont avant son entrée à Lyon. Le Rhône est canalisé par deux canaux qui se séparent en deux autour du Grand parc de Miribel Jonage. Du barrage de Jons (PK -27), jusqu’à la Feyssine. Le canal de Miribel au Nord est un ouvrage public du domaine public fluvial de l’Etat, construit à partir de 1847 pour faciliter la navigation à partir du tracé de l’un des multiples bras du Rhône qui fonctionnait alors en tresses. 50 ans plus tard était construit au Sud le canal de Jonage à des fins énergétiques, diverses centrales hydroélectriques y ont été construites (barrage de Jons, barrage de Jonage, barrage-usine de Cusset). Le canal de Miribel fonctionne aujourd’hui comme le lit principal du Rhône, court-circuité par le barrage de Jons destiné à dévier les eaux du Rhône dans l’ouvrage de dérivation, le canal de Jonage. Le canal de Miribel fait 18 km de long et draine les alluvions du Rhône. Il offre une protection contre les crues pour l’agglomération lyonnaise. Les deux canaux se rejoignent à la Feyssine après la vague d’Hawaii-sur-Rhône formée par le seuil de St Clair (PK -7.4). Les deux canaux enserrent le Grand Parc de Miribel Jonage dont le Lac des Eaux Bleues et le seul plan d’eau navigable en kayak et accessible à la baignade. Le Vieux Rhône passe encore par des lônes aménagées au sein du parc et traverse le Lac des Eaux Bleues pour rejoindre les canaux à la Feyssine.
Deux kilomètres avant le seuil de Neyron, nous enfilons nos casques, puis nous avançons en groupe prudemment jusqu’à faire un stop avant le seuil. Nous faisons a pied un repérage car du haut du seuil, en kayak, nous ne voyons pas sa chute car la marche est trop haute. Dans ces cas : débarquer, repérer et analyser la veine d’eau, identifier les rochers sous la marche et déterminer la meilleure trajectoire ainsi que les risques de dessalage. Laisser passer en premier un moniteur ou un kayakiste expérimenté afin de sécuriser les prochains passages. 2 passerons sans problème, 1 dessalage a déplorer avec une pagaie cassée sur les rochers : les risques sont bien réels. Heureusement le port du casque a été anticipé et l’emport de pagaies de secours a permis de terminer le parcours. Nous passons les autres bateaux par la technique de la cordelle avec des bouts de remorquage.
Le canal de Miribel souffre de l’enfoncement du lit. Ceci est induit par une restriction de son espace de liberté du fait même de la physionomie des berges très verticales et des aménagements récents des dernières décennies. Le milieu naturel en souffre car l’enfoncement du lit implique l’abaissement du niveau de l’eau ce qui provoque l’assèchement de la nappe alluvial. La faune souffre aussi car les frayères disparaissent et la ripisylve dépérit. Les lônes alentours sont aussi en train de se combler. Le canal perd alors sa fonction de protection contre les inondations. Pour compenser cet impact, un seuil a été construit à l’aval de la passerelle de Miribel, pour relever la ligne d’eau et la nappe qui lui est liée. C’est le seuil de Neyron (au niveau de la marie de Neyron, juste après le centre équestre) qui donne la fameuse vague des petits chevaux (quand le débit est suffisant). Il a été construit en 1999 et il est situé au PK -14,5 du Rhône. Pour endiguer ce problème, des travaux sont programmés jusqu’en 2027.
De nombreux animaux sont vus : canards colverts, hérons cendrés, cygnes tuberculés, milans noir, fuligules milouins. Des signes de la présence de castors (troncs grignotés) sont découverts également.
Nous arrivons au seuil de Saint Clair à la Feyssine. Il a la même fonction que le seuil de Neyron : relever le niveau d’eau des deux canaux pour inonder le grand parc plutôt que la ville de Lyon en aval. Nous débarquons en amont et allons repérer la bête : la vague Hawaii-sur-Rhône qui impressionne tout le monde. 2 passeront sans encombre, 1 passage avec dessalage et les autres portent.
Les vidéos du passage de la vague Hawaii-sur-Rhône en kayak de mer :
Pour en savoir plus sur le canal de Miribel, quelques lectures intéressantes :
- Le risque d’inondation à l’amont de Lyon : héritages et réalités contemporaines
- Mémoire du programme de restauration du Rhône à Miribel Jonage (sur www.grand-parc.fr)
- Le Rhône Amont (Jean-Paul Bravard, sur www.millenaire3.com)
- L’enfoncement du lit (European Rivers Network sur www.rivernet.org)
- Le programme de restauration du Rhône de Miribel Jonage (sur www.graie.org)
- Réglementation du Grand Parc de Miribel Jonage