Notre aventure dans les Hautes Alpes
Guillaume et Alexei ont proposé pour ce weekend du 5-6 juillet de faire de la grosse navigation en nous emmenant sur l’Ubaye et le Guil, des grands classiques des rivières alpines! Jonathan, Jean et moi-même (Luc) avons choisi de les rejoindre. Pierre Yves a aussi navigué, mais que le samedi suite à une belle frayeur sur l’Ubaye dans les ex-infrans du haut (voir plus bas). Au programme: l’Ubaye le samedi, et le Guil le dimanche, allant du III+ au V. Il y a eu des bains (parfois longs ou douloureux), des esquimautages bien sûr (rarement du premier coup, il faut le dire, mais bon, dans du IV…), et des egos kayakistes ruinés (demandez à Alexei ou à moi, on vous expliquera…).
Nous partons de Lyon le vendredi soir, car nous en avons bien pour trois heures de route jusqu’au lac de Serre-Ponçon où nous avons bivouaqué (sauf Jean et moi qui dormions en chambre d’hôte pour des raisons bien précises). Déjà Pierre-Yves se fait remarquer en arrivant avec une heure de retard parce qu’il avait loupé la sortie pour Gap. Repas du soir à l’abri de la pluie sous la bâche tendue du camping-car de Guillaume, sur le parking de la mairie de Savines-le-Lac.
- Samedi 5 juillet: L’Ubaye
Nous commençons à titre d’échauffement par le parcours du Martinet-Lauzet (cl. III-IV), très fréquenté par les rafts et les hydrospeeds. Ça attaque d’emblée, mais ça reste constant. C’est un parcours assez volumineux, surtout par le niveau d’eau qu’il y avait. Pas de bains, mais quelques esquimautages. Nous arrivons au rapide « La Dent de Requin » (difficulté IV), nommé ainsi à cause d’un rocher sur la droite rappelant la forme d’une dent de requin. C’est un rapide technique et manoeuvrier, il faut éviter les pleureurs qui peuvent rappeler. Nous arrivons ensuite dans les gorges du Lauzet, offrant un cadre magnifique, surtout par beau temps, et c’était le cas! Nous avons croisé notre cher Julien Zartarian (ceux qui ont participé aux trois dernières semaines franco-allemande le connaissent bien)
Après une pause déjeuner bien méritée, nous repartons pour naviguer sur les ex-infrans du haut sur l’Ubaye, un parcours en IV+. Heureusement, il y a quelques kilomètres en amont où nous pouvons nous chauffer tranquillement avant d’envoyer du gros. Ceci dit le rapide des Thuiles, situé juste après l’embarquement, et 3 kilomètres en amont du début des ex-infrans, constitue une bonne entrée en matière. Les choses sérieuses commencent maintenant: Nous commençons par une ligne droite très soutenue avec des gros seuils et des grosses vagues. Pierre-Yves baigne, après trois tentatives d’esquimautages ratées. Pour se préserver, Jean porte cette ligne droite. Il y a encore un beau virage à négocier, mais là, tout se passe bien. La difficulté baisse nettement pendant quelques centaines de mètres, cela permet à tous de récupérer avant d’attaquer l’autre grosse difficulté: le rapide du fer à cheval suivi de celui du dessert, qui ont été le siège d’un beau sketch… Le début du rapide est un seuil de 2m complexe à cause du caillou en réception, mais tout le monde sauf Pierre-Yves (qui porte) passe sans souci. C’est ensuite sur le rapide du dessert que ça se complique. Pierre-Yves baigne en faisant une chandelle. Guillaume et Jonathan s’occupent de lui, pendant qu’Alexei et moi essayons de récupérer son matériel, en vain puisque nous avons été coincés tous les deux dans un rappel (dont nous avons pu sortir, fort heureusement!). Guillaume a eu très peur, puisqu’il a vu Pierre-Yves disparaître sous l’eau… mais ressortir un bon moment après! Heureusement plus de peur que de mal, mais Pierre-Yves a eu droit à une belle frayeur. Nous serions surement mieux dans un bateau de course en ligne à faire des longueurs sur un lac, tiens! C’est chiant mais c’est moins dangereux! (Adrien, c’est de l’humour hein!)
Nous continuons sur le parcours en aval, celui que nous avons fait ce matin. Une descente tranquille,un bain stupide pour moi (mais vengé par un esquimautage). Pour cette fois, le parcours était très fréquenté par les descendeurs, car les championnats de France de descente allaient se dérouler dans quelques jours sur l’Ubaye. Nous nous retrouvons ensuite au bivouac au bord du lac pour un barbecue bien mérité, accompagné de pâtes pour faire le plein pour demain! Puis Jean et moi rentrons au gîte, tandis que le reste du groupe repart vers la vallée de la Durance pour bivouaquer plus près du Guil.
- Dimanche 6 juillet: Le Guil
Le Guil est une rivière magnifique, mais les portions que nous avons faites sont loin d’être accessible à tous. Au programme: les combes, puis les gorges. Le début jusqu’à la sortie de la combe peut être facilement côté en IV+ (éventuellement V pour certains passages et/ou par gros niveau). La suite ressemble beaucoup plus à du IV(V) avec des zones plus calmes pour récupérer. Nous commençons donc par la combe de Château-Queyras, d’une longueur de 600m environ. Comme dirait l’autre, c’est un véritable « aqualand ». Seul problème, l’arrêt est quasi impossible car ça court tout le long, et plutôt vite même… Jean a pris un bain prolongé dans cette combe (il faut bien dire qu’il faut avoir un esquimautage fiable à 120% pour pouvoir esquimauter dans ce bouillon qu’est la combe de Château-Queyras) et s’est fait mal au genou. Il s’arrête donc pour éviter toute complication.
La combe de l’ange gardien est constituée de seuils et passages plus ou moins longs, plus ou moins difficiles (IV ou V, c’est selon), voire infranchissables (mais portables). Tout le monde passe plus ou moins propre. En réalité, nous suivons Guillaume qui nous montre les passes à prendre. Arrive ensuite un passage très technique formé d’une chicane précédée d’un gros seuil difficile à négocier à cause du courant qui emmène vers la paroi. Jonathan et moi décidons de porter, et nous faisons donc la sécu pour Guillaume, qui nous rejoint ensuite pour faire celle d’Alexei. Tout va bien, Alexei passe la chicane, mais se retourne à la sortie et rate son esquimautage. Nous courons donc pour essayer de le récupérer avant le prochain rapide, mais nous échouons. Guillaume rembarque en 4e vitesse pour aller chercher Alexei, pendant que Jonathan et moi portons le passage rapidement pour contribuer au sauvetage. Une fois qu’Alexei est mis en sécurité dans un contre, Guillaume part à la poursuite du matériel, et nous le perdons de vue. Nous voilà donc seuls pour continuer tant bien que mal. Alexei essaie le plus possible d’éviter la nage pour passer les rapides, mais il y a eu une fois où il a bien fallu lui faire faire un bac encordé. Nous retrouvons plus loin la pagaie d’Alexei planté dans le sable. Mais nous nous demandons: « Et le bateau? ». Nous sommes de plus en plus inquiets car nous ne voyons toujours pas Guillaume… Nous avançons en « saute-mouton » (c’est-à-dire petits bouts par petits bouts) afin d’éviter un bain supplémentaire, car notre situation est déjà suffisamment folklorique comme ça! Nous finissons par retrouver le bateau d’Alexei, coincé dans un contre-courant, juste avant un gros passage.
Un groupe de kayakiste, qui nous avait rattrapés, nous a proposé de les joindre sur la fin du parcours, ce que nous avons accepté avec plaisir, et ce qui nous a permis d’éviter bien en avance un passage infran (siphon intégral à cause d’un éboulement). Nous débarquons à la sortie de la combe, non mécontents de voir Guillaume arriver (lui aussi, d’ailleurs)! Nous enchainons ensuite sur la partie classique du Guil (celui en aval de la triple-chute, que seuls Guillaume et Jonathan ont passé). Le parcours est beaucoup moins isolé que les combes, mais tout aussi technique et certains passages « ne sont pas bradés », comme dirait Guillaume, d’autant plus que les difficultés vont jusqu’au bout. L’arrivée se mérite puisqu’elle est précédée d’un grand dévaloir avec de la pente.
Gros picnic après la descente, et petit débriefing sur le séjour. Puis nous rentrons assez rapidement sur Lyon puisqu’il y en a pour presque quatre heures de route… C’était vraiment un weekend génial! Merci à toi Guillaume d’avoir accepté de nous encadrer sur de tels parcours! Nous avons tous appris, en technique et en sécurité, parfois d’une manière peu orthodoxe (cf. le fiasco des combes du Guil), mais quand même! À refaire!
Le montage vidéo est disponible là.