Descente du Rhône et ses lônes en kayak de mer (28 février 2016)
Ce dimanche nous avons découvert le Rhône sous un nouveau jour. Loin du petit train train quotidien des séances d’entrainement sur le Rhône en centre ville, nous sommes aller chercher le Rhône authentique, en amont de Lyon. Ce compte-rendu retrace notre journée dans cette partie sauvage du Rhône.
Nous avons enfin touché du doigt les célèbres lônes, sa faune et sa flore si particulère.
Caractéristiques
- Niveau : facile
- Milieu : fleuve
- Itinéraire : descente du Rhône et ses lônes (classe I-II) sur 20 km de Champagneux à Groslée
- Distance : 20 km
- Vitesse moyenne en mouvement : 6 km/h
- Durée de navigation nette : 3h30 (hors pauses)
- Météo : éclaircies le matin, voilé l’après-midi
- Température de l’air : entre 5 et 10°C
- Température de l’eau : ? °C
- Participants : 8 adultes + 1 moniteur (*)
- Bateaux : kayaks de mer pontés (K1, K2)
- Organisateur : Hugo
- Coût : 11 € / personne
Exceptionnellement, nous étions accompagné d’un moniteur breveté d’état pour nous guider dans le labyrinthe des lônes et nous prodiguer de nombreux conseils techniques.
Le groupe d’aujourd’hui est assez hétérogène avec des kayakistes novices, des débrouillés, et d’autres confirmés ayant plus de 10 ans d’expérience. De tous âges : de 18 à 57 ans. Et mixte avec 50% de femmes.
Nous avons utilisés pour cette sortie nos classiques Laser Expedition Rainbow (très gironné), un Kodiak Prijon (très plat et lourd), un Wind Solo Tahe Marine (grande stabilité secondaire avec sa coque en V) et un K2 RTM.
Plan et itinéraire
Notre itinéraire court sur une petite partie du Haut Rhône, à 1h de route de Lyon.
Le Haut-Rhône, correspond au Rhône de la sortie du lac Léman à la confluence avec la Saône. Le fleuve parcours alors plus de 200 km, traversant les massifs du Jura et des Préalpes avant de rejoindre la plaine de l’Ain jusqu’à Lyon et sa confluence avec la Saône. Sur ce tronçon le fleuve rencontre une succession de gorges étroites (défilés de Bellegarde, Yenne et Creys-Mépieu) et de plaines aux champs d’inondations étendus (marais de Chautagne, marais de Lavours, plaine du Nord Isère).
Source : Le Syndicat du Haut-Rhône
C’est sur le Vieux Rhône que nous avons vécus nos plus beaux moments, après le barrage de Champagneux.
Le Vieux Rhône désigne les tronçons du fleuve court-circuités par les aménagements hydroélectrique. Le canal artificiel créé parallèlement au vieux Rhône utilise une grande partie du débit naturel disponible et laisse un débit réservé relativement faible ; ce n’est que lors des fortes crues, quand les aménagements se déchargent dans le lit historique pour écrêter la crue, que le débit du vieux Rhône revient à des niveaux plus importants.
Source : Wikipedia.
Notre navigation nous a amené dans des lônes du Rhône.
Une lône est un bras d’un fleuve qui reste en retrait du lit principal. Elle est alimentée en eau par infiltration depuis la nappe alluviale ou directement par le fleuve en période de crue. On parle de brotteaux pour désigner les îlots inondables et en constante évolution formés par les lônes. Les lônes présentent des écosystèmes riches et font souvent l’objet d’initiatives de préservation.
Source : Wikipédia.
Un site très complet avec une carte interactive permet de visualiser les lônes du Rhône : Projet de restauration du Rhône (choisir la zone Brégnier-Cordon). Nous avons – faute d’un niveau d’eau suffisant – navigué uniquement sur la lône Granjean, le reste de la navigation c’est faite dans le Vieux Rhône, puis dans le Rhône. En effet, les lônes étant des lieux de reproduction pour les poissons qui viennent s’y réfugier l’hiver, il est important de ne pas abîmer les lieux.
Nous n’imaginions pas en découvrir autant au sujet du Rhône. Il est vrai qu’on connait assez mal ce fleuve pourtant emblématique de la ville de Lyon.
Note règlementaire : le RPP (règlement particulier de police de navigation, par arrêté préfectoral de 2014) autorise la navigation à pagaie dans ce secteur (voir article 11.4). Seul le seuil des Molottes doit être évité via la lône Granjean.
La flore et la faune
Petite liste d’animaux croisés durant cette journée :
- quelques rares cygne tuberculeux
- des canards colverts
- beaucoup de harles bièvres
- des cormorans
- une grande aigrette
- des aigrettes gazettes
- des traces de sanglier
- nombreuses entrées de terriers de castors
La zone des îles du Rhône à Brégnier-Cordon, juste sous le barrage de Champagneux, est classée Natura 2000 pour ses oiseaux.
Les photos
La journée commence par un embarquement dans le contre canal sous le barrage de Champagneux. Nous aurons droit aux premiers cours techniques de notre moniteur Pierrot. Les débutants apprendrons à embarquer à flanc de berge, et oui il faut mouiller ses petits petons… A l’issue du canal nous entrons dans notre première lône ! Ensuite on s’exerce au coup de pagaie économe : rotation du torse pour rester aligné sur la pagaie, technique dîte du « laboureur ». Il n’y a pas beaucoup d’eau ce dimanche, les barrages retiennent, ça racle un peu sous les bateaux. Et ben, même si la CNR se repose les weekends…
Les lônes sont pas mal encombrées d’arbres déracinés, ce qui complique la navigation. Attention donc aux branches sur les côtés, aux souches au milieu… les branches sont basses par ici… Hugo en perd son bonnet (ça vaut mieux qu’un scalp…). Chantal dessale dans un virage problématique, Alexei saute de son K2 pour lui porter secours. Pierrot fera alors un nouveau point sur la sécurité : si on ne peut l’éviter, on se penche face à l’obstacle plutôt que de chercher à présenter l’arrière du bateau (soit la célèbre devise de CKLOM : « bisous au cailllou »).
On fait un petit arrêt le long de la berge où Pierrot nous fait hummer le délicieux fumet laissé là par les castors : le castoréum (d’odeur de pneu brûlé) qui lui permet de marquer son territoire. Et je ne vous dirai pas par quelle partie du corps cela est sécrété…
On fera une courte pause pour casser la croûte (30 mins à peine) au niveau du passage à gué du Chemin du Bouclard (Les Avenières) en face de l’Île de Noyés. Notre quiétude ne sera troublée que par quelques 4×4 qui feront demi-tour devant le chemin submergé (par 5 cm d’eau…). De notre côté nous franchirons le seuil (bien à gauche) sans peine. Les débutants ont adoré ce petit intermède de classe 2.
Quelques travaux pratiques de coup de pagaie circulaire plus loin, nous continuons dans les lônes et le Vieux Rhône jusqu’à rejoindre le cours normal du Rhône. A Saint-Benoît, nous profitons du courant pour tirer un maximum et passer l’Île de la Sauge à bon rythme. Nous débarquons finalement sur un magnifique ponton (un peu haut pour nos petits kayaks) juste avant le Pont de Groslée.
Voilà, cette séance encadrée a été l’occasion pour beaucoup de nouveaux adhérents d’apprendre les bonnes techniques, pour les moins nouveaux de corriger leurs gestes, dans un cadre magnifique, en toute confiance grâce au moniteur.
Un peu de lecture
Pour en savoir plus sur le Rhône et ses lônes, je vous recommande la lecture de cet ouvrage collectif : Le Rhône en 100 Questions réalisé par ZABR (PDF disponible en ligne).
(*) :
Un grand merci à notre moniteur Pierre Descôtes qui nous a accompagné durant cette journée sur le Rhône et ses lônes, prodigué nombreux conseils techniques et fait découvrir des sites insolites.
Pierre Descôtes
Accompagnateur en Montagne
Moniteur Canoë-Kayak
Photographe, réalisateur de diaporamas
7 Vieux Pont 73600 MOUTIERS
0672769031